03 juin 2009

et ...


pour s'en convaincre (de la libre pensée précédente de MM) écoutez ici le reportage "inhiber l'anecdote du bruit" (vers le bas de la page... passionnant).

...et aussi ici, ici, ici, et ici.

(et ceci sans modération ! l'interview "les mémorables" de Varése ! ici on y apprend un paquet de trucs sur l'histoire de la musique, la difficulté de créer, la conviction...)

rien à voir ? et pourtant !
la curiosité comme source d'expérimentation et de culture, grandir en explorant d'autres manières de voir le monde, partager le regard de l'autre, s'ouvrir à des oreilles différentes, tenter l'inconnu, retrouver son état d'émerveillement, ne pas se fermer des possibles et des inconnus, oser le basculement, la sensation.
que de termes "populaires" !
pas besoin de savoir il suffit d'essayer, de se laisser aller à l'enchantement, de plonger dans la délectation du nouveau, du frisson, de la gourmandise ! si cela n'est pas populaire je me damne ! en écoutant le reportage "inhiber l'anecdote du bruit" de 1959 (!) je me demande encore qui peut s'arrêter dans le temps, qui ne veut plus bouger et avancer sur les voies de la découverte. tout simplement. tout joyeusement.
c'est un état d'esprit, un état de vie.

bref, le populaire c'est révéler les avancés sonores - entre autres - à tous. rien n'est "inaccessible" dans le monde du son. c'est un rapport au physique, à la sensation. le corps acoustique.
...tout le monde connait Tati et ses expériences sur la bande son ici et ici... nous ne sommes pas si loin de Schaeffer ici ou P. Henry...

alors, il faut "tenir le pas gagné"....

Oui l'heure nouvelle est au moins très-sévère.

Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais !

Il faut être absolument moderne.

Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.

Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.

Rimbaud



aa

ps : Russolo, Russolo, Russolo !!! "L'art des bruits" ! Vite !

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"L'art des bruits". Manifeste !
Milan, 11 mars 1913.
Luigi Russolo.


Mon cher Balilla Pratella, grand musicien futuriste,

Le 9 mars 1913, durant notre sanglante victoire remportée sur 4000 passéistes au Théâtre Costanzi de Rome, nous défendions à coups de poing et de canne ta Musique futuriste, exécutée par un orchestre puissant, quand tout à coup mon esprit intuitif conçut un nouvel art que, seul, ton génie peut créer : l'Art des Bruits, conséquence logique de tes merveilleuses innovations.
La vie antique ne fut que silence. C'est au dix-neuvième siècle seulement, avec l'invention des machines, que naquit le Bruit. Aujourd'hui le bruit domine en souverain sur la sensibilité des hommes. Durant plusieurs siècles la vie se déroula en silence, ou en sourdine. Les bruits les plus retentissants n'étaient ni intenses, ni prolongés, ni variés. En effet, la nature est normalement silencieuse, sauf les tempêtes, les ouragans, les avalanches, les cascades et quelques mouvements telluriques exceptionnels.

C'est pourquoi les premiers sons que l'homme tira d'un roseau percé ou d'une corde tendue l'émerveillèrent profondément. Les peuples primitifs attribuèrent au son une origine divine. il fut entouré d'un respect religieux et réservé aux prêtres qui l'utilisèrent pour enrichir leurs rites d'un nouveau mystère. C'est ainsi que se forma la conception du son comme chose à part, différente et indépendante de la vie. La musique en fut le résultat, monde fantastique superposé au réel, monde inviolable et sacré. Cette atmosphère hiératique devait nécessairement ralentir le progrès de la musique, qui fut ainsi devancée par les autres arts. Les Grecs eux-mêmes, avec leur théorie musicale fixée mathématiquement par Pythagore et suivant laquelle on admettait seulement l'usage de quelques intervalles consonants, ont limité le domaine de la musique et ont rendu presque impossible l'harmonie qu'ils ignoraient absolument. La musique évolua au Moyen Age avec le développement et les modifications du système grec du tétracorde. Mais on continua à considérer le son dans son déroulement à travers le temps, conception étroite qui persista longtemps et que nous retrouvons encore dans les polyphonies les plus compliquées des musiciens flamands. L'accord n'existait pas encore; le développement des différentes parties n'était pas subordonné à l'accord que ces parties pouvaient produire ensemble; la conception de ces parties n'était pas verticale, mais simplement horizontale. Le désir et la recherche de l'union simultanée des sons différents (c'est-à-dire de l'accord, son complexe) se manifestèrent graduellement : on passa de l'accord parfait aux accords enrichis de quelques dissonances de passage, pour arriver aux dissonances persistantes et compliquées de la musique contemporaine.

L'art musical rechercha tout d'abord la pureté limpide et douce du son. Puis il amalgama des sons différents, en se préoccupant de caresser les oreilles par des harmonies suaves. Aujourd'hui, l'art musical recherche les amalgames de sons les plus dissonants, les plus étranges et les plus stridents. Nous nous approchons ainsi du son-bruit. Cette évolution de la musique est parallèle à la multiplication grandissante des machines ....

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