Ce n'est qu'un info (sans doute un clin d'œil de bonne humeur aussi), mais l'équipe
"musique!" (Gabriel Fabing&aa) se remet à la bande son d'
Entrailles* -
deuxième session.
Le projet sortira en juin 2012.
Composer pour la pleine nature est un curieux aller-retour entre
le studio et la multidiffusion pour grands espaces.
Passer du Technicolor© de salon aux prairies à colorier de jaune, de rouge, de violet (ou de je-ne-sais-quoi
qui pourrait emmener, trimballer, emporter, faire pleurer ou chanter
aussi pourquoi pas), est un pari de haute volée. Pas gagné. A
traficoter. Belle épopée !
Il y à toujours un équilibre à trouver entre les projections, les
envies, les idées et la
réalité d'un terrain qui réagit différemment et qui produit son propre
univers sonore. L'art du son est un art de la situation, un élément à
embrasser dans le lieu d'où il surgit et où il s'épanouit.
C'est une greffe. Entre le son d'artifice et le son du
coin. Entre le son fabriqué (cette intention) et ce qui fait déjà vivre le silence qui n'existe toujours pas. Décidément.
Pour Entrailles il s'agit peut être de s'infiltrer en douceur,
introduire la matière sonore en évitant de coller une nappe
"cinématographique".
Prendre de la
hauteur sans trop prendre de distance. Partir de l'herbe qui frise pour
créer des extensions, des illusions, des troubles et finalement faire
décoller par l'oreille une imagination que l'on ne peut guider ni prévoir.
Lorsque
la règle du jeu est bien comprise, il est sans aucun doute possible de
mâtiner les sensations auditives d'éléments électroniques, avec
finesse, avec légèreté, avec cette transparence et ce trouble surnaturel
que l'on aimait tant dans Mantra
* de Stockhausen par exemple.
Aspirer à.
Provoquer une possibilité. Ouvrir un
espace, un endroit, où le temps n'apparaîtrait que pour cela, pour
laisser s'envoler un peu de ce qui est derrière et de ce qui est devant,
pour se laisser aller au présent, simplement. Comme un jardin suspendu.
Reste la réalisation elle même.
Et
finalement, la composition d'une bande-son "réussie" tient autant des
idées de départ que de toutes les articulations, trouvailles et autres
bidouillages permettant de les coller au réel. Au milieu des champs et
sous les arbres, tout ceci prend des proportions infernales. Une
diffusion en pleine nature ne réagit jamais de manière identique selon
les conditions ou selon l'affluence et la répartition du public.
C'est
un casse tête pour qui veut donner une unité aux sources sonores tout
en les rendant acousmatiques, étranges, non directionnelles, fines, et
pour créer une émotion qui ne fait que soulever l'esprit du lieu.
Alors voilà le pari et la roborative occupation des nuits. Rendez-vous en 2012, tout aura changé, vraiment.
aa