06 septembre 2007

Philo et Branks / aa

à première vue ce n'est pas évident, je vous l'accorde.
et pourtant il y a un lien et un lien qui se développe de plus en plus au cours de ces derniers temps de travail.

le Branks s'appuient sur la notion d'improvisation.

on distingue dans le milieu "autorisé" plusieurs type d'improvisations (derek bailey, un magnifique guitariste trés au fait de tout cela en a sorti un essai sur le sujet :"Improvisation: Its Nature and Practice in Music") mais en gros (et pour simplifier grossièrement la question des Branks) il en existe musicalement de 2 sortes : celle qui utilise un vocabulaire (harmonique, patterns, type de phrases, rythmique, gimmicks et autres licks) - ce qui est le cas du "jazz" - et une autre qui exprime plus une idée de matière sonore, d'architecture, de dynamique, de territoire, de son, d'alliage, d'aléatoire, d'instantaneité, de non rythme, de non mélodie etc etc... - et on parle alors plus "d'improvisation libre".
certes ces définitions sont vulgaires (je vois déjà d'ici les cris d'orfraie de mes camarades) car souvent tout se mélange et parfois la mémoire des musiciens se mêle fortement à leur propositions esthétiques.
l'improvisation libre -bien qu'existant depuis toujours comme processus de création eapparait visible depuis les années 60 (les groupes AMM, derek bailey, Cage ...) et de manière idéologique depuis les année 10 ("l'art des bruits" de Russolo, Duchamp, etc...) - reste un domaine controversé car elle ne rentre pas dans les codes barre de la vente chez Auchan et se télescope régulièrement avec les idées conservatrices bien plates de musiciens bien assis (couchés même. disons... aplatis. vautrés).

tout cette disgression pour explique le pb des Branks.
il s'agit en fait de trouver une methode, un processus, une mécanique pour combiner improvisation libre (du "son", des architecture sonores, des extensions d'instruments... le sax n'est qu'un tuyau quand même!), improvisation harmonique (des "morceaux", des soli), improvisation de situation (théatrale, histoire narrative et figurative, tableaux...), improvisation visuelle (danse, occupation de l'espace, prise en compte du spectateur) tout en gardant la precision, l'impact, le lien avec le public lambda (on est en exterieur ne l'oublions pas), le rythme du spectacle, le sens du rebond, l'innovation, le sens artistique, le ludique détourné, le 3eme degré, l'abstraction, la dramaturgie, la curiosité, l'interet... bref, tout en ne vidant pas la rue.
voilà le probléme.

il semble que nous ayons trouvé un mécanisme.
prétention ? non. détermination et volonté d'essayer.

c'est tout l'enjeu du travail actuel des Branks (et peut être de la future résidence).
un enjeu, pour moi essentiel dans la mesure ou je ne trouve pas de "fanfare" qui sortent du ska, du jazzy, du déguisement, du solo, du bon musicien dans la rue ou du comédien hableur. même dans les spectacles de rue les plus audacieux il est rare de combiner impact, improvisation totale, contemporanéité (véritable ! pas besoin de rajouter de ci de la des effets électroniques) et spectacle ... de rue. un enjeu aussi car les arts de la rue perdront toute substance s'ils ne tentent pas d'évoluer, de se cultiver, d'expérimenter. Le Monde titrait il y a peu : "Aurillac assagi"! en gros : les arts de la rue au service du tourisme local.

alors oui. c'est un pari, c'est une ambition, c'est un véritable défi artistique et c'est aussi un devoir d'artiste (sans en faire un plat ni une médaille, il s'agit tout de même de savoir purquoi on s'est lancé dans cette galère, non ?).
l'echec ne serait qu'une transition car l'objet artistique apparait bien supérieur.
je le pense. l'improvisation rend la matière est vivante, créative, excitante. c'est grace à elle également que l'élitisme (mot peu significatif mais en reference bien sur à vilar) est pour tous. les arts de la rue se doivent de tenter, se doivent de prendre en main le temps présent, les avancés culturelles et ne pas répondre aux sirénes du supermaché du coin.


alors... la mécanique, le mode opératoire, le système que nous essayons d'inventer .... et bien, je ne vous le dirais pas. eh ! faut pas rigoler quand même !
en attendant, je file un salut tres affectueux aux Goulus. hop. j'aime bien ce qu'ils font. vraiment.

ah ! au fait ! philo et Branks ? et bien disons que l'on ne vit que pour être au monde et parfois le changer, alors disons que l'art y est pour quelque chose (avec la politique et les repas de flo et pierre), alors disons que les Branks aimerais bien à leur mesure exprimer ce désir d'invention du monde.


derek bailey : http://www.youtube.com/watch?v=9XE2N4mxeRw
l'improvisation libre : http://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_improvis%C3%A9e