29 juillet 2009

l'after.


retour dans les hiers. les branks furent dans la foire, les branks au Paléo festival en Suisse, un grand cirque de 300 000 personnes mais qui garde une attitude très chaleureuse et une convivialité hors normes (l'équipe de "la ruche" est vraiment sensas' d'attention et de sérénité, l'accueil du festival est vraiment trés large d'esprit, le public est bon enfant et prompt à se laisser détourner quelques instants, l'esprit global est trés doux).

comment penser l'improvisation dans un tel brouhaha, comment détourner ce champs des commerces, cette séduction finalisée, cette instrumentalisation des émotions ? la foule, les intérêts, le bruit, le mouvement, l'indifférence, la taille, tout semble jouer de concert contre la possibilité d'une île, contre l'idée même d'un désordre non rattrapable, contre la présence d'une imprévisibilité, d'une improvisation prenant en compte le spectateur. est ce imaginable de faire exister une relation dans ce type d'événement ? peut on promouvoir l'edelweiss dans un champ de betteraves ?
la question d'ailleurs est plus de savoir si cette conviction garde son effet teflon vis à vis de la récupération consumériste que de savoir si cela est possible. car ça l'est.

l'improvisation, le sens de l'instant, la réapparition de temps différents, le regard, le geste, tout ceci peut exister. les branks (comme d'autres) troublent l'ordonnancement de l'entrée, en font un lieu sonore, un espace qui révèle et son coté carcéral et son coté ludique, les branks jouent l'interdit des poubelles, déviant le regard, modifiant l'objet, s'autorisant l'existant, les branks cabotinent dans l'eau, aspergent les passants, se paient le luxe d'en rigoler, font apparaître l'étonnement, le rire ou tout simplement l'énervement, les branks se jettent sur les enseignes du paléo, massent les clients, se roulent par terre, traversent les scènes, montent sur les tables, immobilisent le spectateur pressé, donne du grain à moudre à la machine inquiète du service d'ordre, cassent les règles, les branks prennent le temps, le vol au dépends des échoppes, changent la donnée principale et au final se permettent d'exister différemment.
c'est possible. c'est drôle et cela à la valeur de l'improvisation du moment et des spectateurs-acteurs qui nous agissent.

ok. mais qu'en reste t'il ? éternelle question qui n'est pas liée au Paléo, mais bien au sens d'une idée artistique dans un tel lieu, dans une société. obliger un espace finalisé pour la vente et l'émotion téléguidée, à prendre en compte une idée diamétralement opposée est il efficace pour cette lutte permanente qui est de redonner de la valeur aux individus, à leur intelligence sensible, à leur émotions hors cadre, au lâché prise confiant et à la puissance de l'improvisation ? pas sur. c'est le paradoxe. la conviction tenace que le monde se meut de tous et la lucidité d'une entreprise déraisonnable. mais c'est la règle du jeu.

pour les branks, elle apparaît plus facile que pour d'autre cette règle du jeu. du fait de son coté ludique et de son air de pas y toucher ce groupe se permet quand même au Paléo de faire de la musique improvisée, de l'attention sonore, de l'abstraction, de la non narration, de l'événement non spectaculaire et surtout de faire vivre leur idée de l'intelligence de l'instant grâce aux autres.

grande épopée. réflexions parmi d'autres.

en tout les cas, ce Palèo se permet tout ceci, joyeusement et en confiance. 4500 bénévoles viennent y donner de leur temps. "la ruche", lieu des arts de la rue (souvent décalés et piquants) existe et est promue.
c'est peut être tout cela qui en fait un festival pas si formaté que cela et encore ouvert aux commencements grâce à tout ce qui n'était pas prévu.

aa