27 juin 2012

Bande-son.

"Entrailles" - Cie Azimuts
bande-son Gabriel Fabing, Thomas Milanese & Antoine Arlot




Peut être la bande-son est-elle une recherche de minuscules équilibres - un ensemble vibrionnant d'équilibres. Entre quoi et quoi, ce lieu où tout semble fluide, en présence, vivant.
C'est une illusion cette impression, mais pas seulement. Donner à la bande-son une dynamique interne, une histoire, un chemin profond, est une manière de tromper l'ennemi, le temps figé - glacé, écrit.
Un subterfuge. Un mirage de réalité pour mieux apprécier ce qui sous-tend ce qui l'a imaginé. 

La bande-son naturellement ne peut lutter avec le présent, elle n'en est qu'un ersatz vieillot, passé, dépassé, mais elle peut offrir ce qui l'anime. C'est dans les trouvailles des entrailles que réside sa nature du moment, son intelligence d'existence. 

La bande-son finalement transporte des idées et des utopies. Une liberté à concevoir un espace, un volume et une temporalité hors de ce qui suit son cours. 
On pourrait même y déceler l'extraction d'horizons insoupçonnés de réalités trop connues. Tirer les fils et les perspectives du concret, en faire jaillir des possibilités, des inouïs des joies d'ailleurs.

Le désir aussi de faire vibrer un suspens - le son abstrait en sus suçant ce qui ne se voit pas pour mieux en être exhalé. De jouer avec l'attente, la dynamique ou la violence d'un silence, ou de rien ou de l'infime grésillement qui se greffe aux natures sonores pré-existantes. 
C'est une manipulation positive des impatiences et des séductions ; des sons à corps, des corps aux communions. Une architecture de l'invisible, comme un décor aux limites sans limites et aux frontières à aller taquiner du bout des clics.

Au cœur du paysage numérisé essaye de fleurir un monde entier. Un impossible à vivre. Une extra-territorialité sonore. Et, parfois, juste capter l'essence du vol d'un papillon.
aa