03 juillet 2010

Aujourd'hui.



Repérage ou pas repérage ? Lorsque l'on pratique l'improvisation de rue, cette question n'est pas anodine. Certains explorent la rue tranquillement avant le set comme un Sebastien Loeb la spéciale qu'il va s'enquiller, et d'autres au contraire se laissent surprendre. 



"Jeanne Simone - Le parfum des pneus"* par exemple testera au préalable les poubelles, la possibilités de jouer avec une rambarde ou un banc, la sonorité d'une pancarte, l'intérêt d'un dénivelé, le lieu secret qui résonne. 

C'est un travail de déchiffrage, de prise de contact, d'appropriation anticipé. Une lecture permettant de traverser la Rue en utilisant et l'improvisation et la distance instauré par un savoir instruit de cette Rue. Cela permet de gagner du recul, de libérer l'esprit, de jouer le terrain découvert. C'est une révélation proposé.
Les Branks au contraire préfèrent tenter le tout pour tout (aucune hiérarchie dans ces deux approches, les deux donnant des résultats liés quoiqu'il en soi à l'improvisation et ses innattendus). 



Ne pas savoir comment se propose la Rue permet de louper des choses. On ne prend que ce qui vient directement au regard. Dans le feu de l'action c'est par exemple un élément de d'allée parfois moins chargé en possibilité de développement de jeu mais franchement lié à l'affaire de l'instant qui s'impose. 
Ça change totalement le point de vue. La rue est transformé certes mais elle est percu surtout comme carburant spontané à l'histoire. Tout devient inflammable et source de provocation à l'histoire, et surtout, toute cette entière Rue devient l'élément naturel de l'événement à la mesure de ce quelle est perçue.  On partage donc l'action de percevoir la Rue. Un décryptage commun et en direct. Le même banc servira à un tableau étrange mais n'est estimé que comme une pensée qui traverse l'esprit. Le développement est lié à la dynamique du moment. Ce banc propose d'écrire les Branks à ce moment et seulement ce moment. Une fenêtre ou un autre banc, plus intéressants en soi, non. C'est ce banc, car c'est le banc de l'histoire en train de se jouer. 

C'est l'improvisation au sens des sens.


Bien évidemment la frontière entre ses deux approches n'est pas imperméable.  C'est un va et vient permanent et simple entre des manières de faire qui se complètent. L'essentiel réside dans l'improvisation et dans la Rue. Qu'importe ensuite si de l'écriture peut être mise en jeu (des morceaux pour les Branks) ou du repérage de situation.




Et le public. 

Élément cardinal dans la mesure où c'est son regard qui donne du sens à l'action. Ou plutôt un sens, car chacun se construit sa propre vision des péripéties improvisées qui déboulent devant les yeux. Le public est mouvant, vivant, vibrant. Et parfois acteur. Il peut très bien pointer du regard un bout de Rue qui doit être pris en compte. Une enfant qui danse, une mobylette qui ne démarre pas, un passant qui chute, un objet bizarre vu par tous doit être pris en jeu par les improvisateurs. C'est une danse des perceptions. La qualité de la relation dépend du sentiment de jouer avec la même rue, celle qui nous habille, celle qui nous dessine.


RDV donc à Bar-le-Duc samedi 3 et dimanche 4.

aa(de l'extravagant quotidien)